mardi 31 janvier 2012

Je suis un Dieu.

Et c'est ainsi que, quand je parle littéraire, mon coeur s'envole tout de suite vers mes trois dieux de l'écriture française. Dieux ? Mot fort certes mais je pense qu'ils le méritent largement. Molière, Rimbaud, Zola, des génies, des inspirations, des influences, passionez-vous donc avec moi de ces auteurs "fantastiques"...

« Contre la médisance il n’est point de rempart. »
Tartuffe

« Les gens de qualité savent tout sans avoir jamais rien appris. »
Les Précieuses Ridicules

« Et l'absence de ce qu'on aime, quelque peu qu'elle dure, a toujours trop duré. »
Amphitryon

« Tout le secret des armes ne consiste qu'en deux choses, à donner et à ne point recevoir. »
Le Bourgeois Gentilhomme

« Sur quelque préférence une estime se fonde, Et c'est n'estimer rien qu'estimer tout le monde. »
Le Misanthrope

Molière.







Sensation


Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, — heureux comme avec une femme.
Poésies.

Arthur Rimbaud.









La colonne des insurgés


La bande descendait avec un élan superbe, irrésistible. Rien de plus terriblement grandiose que l'irruption de ces quelques milliers d'hommes dans la paix morte et glacée de l'horizon. La route, devenue torrent, roulait des flots vivants qui semblaient ne pas devoir s'épuiser ; toujours, au coude du chemin, se montraient de nouvelles masses noires, dont les chants enflaient de plus en plus la grande voix de cette tempête humaine. Quand les derniers bataillons apparurent, il y eut un éclat assourdissant. La Marseillaise emplit le ciel, comme soufflée par des bouches géantes dans de monstrueuses trompettes qui la jetaient, vibrante, avec des sécheresses de cuivre, à tous les coins de la vallée. Et la campagne endormie s'éveilla en sursaut ; elle frissonna tout entière, ainsi qu'un tambour que frappent les baguettes ; elle retentit jusqu'aux entrailles, répétant par tous ses échos les notes ardentes du chant national. Alors ce ne fut plus seulement la bande qui chanta ; des bouts de l'horizon, des rochers lointains, des pièces de terre labourées, des prairies, des bouquets d'arbres, des moindres broussailles, semblèrent sortir des voix humaines ; le large amphithéâtre qui monte de la rivière à Plassans, la cascade gigantesque sur laquelle coulaient les bleuâtres clartés de la lune, étaient comme couverts par un peuple invisible et innombrable acclamant les insurgés ; et, au fond des creux de la Viorne, le long des eaux rayées de mystérieux reflets d'étain fondu, il n'y avait pas un trou de ténèbres où des hommes cachés ne parussent reprendre chaque refrain avec une colère plus haute. La campagne, dans l'ébranlement de l'air et du sol, criait vengeance et liberté.
La Fortune des Rougons.

Emile Zola.

M.




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